La photographie pour s’exprimer dans les camps de réfugiés syriens au Liban.

Investi au Liban dans une mission humanitaire d’éducation et d’aide d’urgence aux populations vulnérables, Elie Cortine originaire du Creusot, a monté une initiative nommée « Salam Photo School »

Pour partager sa passion de la photographie , il a développé avec l’association SEED une formation à la photographie de 9 mois, en direction d’adolescents et de jeunes adultes syriens vivant dans l’un des camps de la Bekaa, dans le district de Zahlé, au Liban. Depuis plusieurs mois il propose de présenter aux élèves français, notamment Bourguignons  le fruit du travail photographique réalisé avec ces jeunes réfugiés.

Ainsi Le 29 mars, dans le cadre de la SPME, 17 élèves de TMEI du lycée Hippolyte Fontaine de Dijon, ont accueilli le photographe en cours d’histoire – géographie, avec leur enseignante de Lettres – Histoire et leur professeure documentaliste. 

Dans un premier temps, l’intervenant a apporté des éclairages sur la situation géographique, économique, politique et religieuse du Liban. Puis il a expliqué le contexte qui a massivement poussé les Syriens à l’exil : guerre civile en Syrie à la suite des Printemps arabes de 2011, répression du pouvoir en place, création de l’Etat islamique, intervention armée des Russes. Des millions d’hommes, femmes et enfants ont pris la fuite. Enormément se sont réfugiés en Turquie. Beaucoup sont au Liban qui compte aujourd’hui sur son sol près de 1,6 millions réfugiés syriens pour un pays d’environ 6 millions d’habitants. 95 % de ces réfugiés vivent sous le seuil de la pauvreté. Depuis la pandémie, les enfants ne vont plus à l’école. Les jeunes filles subissent une forte pression sociale et familiale qui les condamnent le plus souvent à rester cantonnées au foyer.

Intervenant pour l’Association humanitaire Salam, Elie Cortine a donné des cours de photographie aux plus jeunes, âgés environ de 17 à 25 ans. Quelques élèves étaient même beaucoup plus jeunes encore.

Des enfants dans un camp, 2019 – © Mohannad (enfants syriens réfugiés)

Souvent aidé d’une interprète, Elie leur a peu à peu appris à prendre des photos pour dire quelque chose. Ces jeunes expriment ce qu’ils vivent avec un smartphone d’abord, puis avec un Reflex de moyenne gamme, acheté par l’Association en seconde main.

Ils montrent leur camp, la précarité, les camions citernes, l’absence d’électricité, le raccord quand c’est possible au réseau électrique de la ville, l’intérieur des tentes où l’on apporte le plus de soin possible pour créer une atmosphère vivable et accueillante, les joies, les peines, les jeux, l’attente, les séparations, les frontières …

Leurs photographies montrent aussi la dignité quand trop souvent celles des médias sont misérabilistes. Alors, on travaille d’autres techniques : on évite les inévitables contre-plongées qui contribuent à montrer les personnes en situation d’infériorité. Les apprentis photographes apprennent à travailler un autre univers mental et prennent conscience que la photographie ne dit rien mais qu’elle vient en appui d’un discours.

Florence Duroy Mazière, professeure documentaliste

En famille, à l'intérieur d'une tente, 2019 - © Hala
Au-delà des montagnes, la frontière entre Liban et Syrie, 2019 - © Mohannad

TÉMOIGNAGES Comme en témoignent les élèves, avec leurs propres mots et expressions, cette rencontre a été à la fois conviviale, enrichissante, et touchante.

Malik : « C’était très intéressant et enrichissant pour moi de savoir comment les immigrés syriens vivent réellement au Liban par rapport à ce que la presse et les articles font passer, ça a beaucoup changé mon point de vue et ma vision sur ce qui se passe vraiment, c’était un beau témoignage ! »

Jilali : « J’ai beaucoup aimé la venue du photographe car ça nous a appris un peu la vie sur les autres pays difficiles et c’était bien expliqué et un bon intervenant j’ai beaucoup aimé. »

Léo : « J’ai bien aimé l’intervention d’hier, [M. Cortine] nous a amené une vision différente de la photographie et expliqué ce que l’on pouvait représenter par la photo. J’ai beaucoup aimé aussi quand on parlait de la situation géo-politique car on a vraiment la vision de quelqu’un qui a pu rencontrer ces personnes-là et comment était la vie pour eux ».

Hugo-Vincent : « Super intéressant et on a appris plein de choses sur la vie au Liban. L’intervenant était super sympa et il a super bien expliqué son sujet. » 

Akram : « Au moins il a pu nous montrer la face cachée du Liban. »

Dylan : « J’ai trouvé ça hyper intéressant de voir leur manière de vivre assez compliquée à des moments durant des pluies ou la neige mais malgré cela ils essaient de vivre convenablement avec peu d’argent et continuent de garder le sourire. C’est une leçon de vie aussi parce que des fois nous on se plaint pour un rien quand il fait trop chaud ou froid, alors qu’eux se chauffent au bois au milieu de leur habitation, ils n’ont pas les moyens de se réchauffer autrement et en été ils n’ont peut-être pas la chance de se rafraîchir comme nous en allant à la plage ou à la piscine (…) »

Louis : « Très intéressant du point de vue purement technique avec des prises de plan qui varient d’un point de vue à un autre selon la personne. Ces photos, d’un point de vue purement artistique permettent de montrer les différentes inégalités dans la société mais d’un autre côté, montrent une certaine beauté et une dignité dans la misère »

Luckas : « L’intervenant a été très sympa et sociable (…) Franchement je pense que c’est la première intervention très intéressante !! »

Théo P. : « J’ai trouvé ça bien car ça a pu nous montrer l’envers du décor et que ce n’est pas forcément comme on le pense ou comme les médias veulent nous le faire penser. »

Younes : « Intervention très enrichissante rythmée de sublimes photos qui nous font découvrir un monde qui nous était inconnu et qui nous fait nous questionner sur la liberté d’expression sur la place des femmes dans ces communautés, pourquoi les médias « victimisent » tant les Syriens, etc. »

Yani : « C’était super intéressant et captivant. Très « cultivant ». 

Samuel : « Super intéressant d’avoir quelqu’un en face de soi qui a vécu cette aventure, on a pu apprendre plein de choses que les médias traditionnels ne nous montrent pas du tout. Et aussi savoir comment vivent vraiment les gens. »

Théo : « C’était intéressant d’entendre un vrai journaliste parler de l’intervention qu’il a faite dans un pays comme le Liban. On était obnubilé par ce qu’il racontait, c’est pas du tout pareil que quand on lit un article sur internet ou quand on voit une simple photo »

Intervention d’Elie en académie
Elie Cortine est intervenu au collège Adam Billaut de Nevers jeudi  24 mars, pour rencontrer les élèves de la classe presse. Les élèves ont été très intéressés et attentifs, ils ont appris beaucoup. Elie a expliqué de manière tout à fait juste, précise, sans jugement ni censure, la situation des personnes réfugiées au Liban. Les élèves ont été très touchés par les témoignages photo des jeunes photographes syriens.

Elie a aussi rencontré les élèves du lycée la Prat’s Cluny le lundi 11 avril, comme dans tous les autres établissements cette rencontre a été très enrichissante pour les lycéens.

Voici quelques photos